Le Canada après le 11 septembre
Journaliste : Nicolas Duguay
Voilà maintenant cinq ans que le terrorisme s'est brusquement placé au centre de l'actualité, que cette réalité que l'on croyait confinée à certaines parties éloignées du monde nous a rejoints dans notre quotidien.
Photo: AFP/J.P. Moczulski |
Avant ce réveil brutal du 11 septembre 2001, le terrorisme était d'abord et avant tout, pour la plupart des Canadiens, un phénomène politique exotique.
Un phénomène à ranger sous la même enseigne que les famines, sécheresses et autres guerres civiles qui ne s'approchent des Canadiens que par le truchement du Téléjournal...
Depuis lors, les Canadiens ont assisté au changement radical de l'environnement sécuritaire.
Du jour au lendemain, la population canadienne s'est mise à croire qu'elle pouvait elle aussi être ciblée par la fureur terroriste.
Elle s'est rendu compte, surtout, qu'être Canadien ne veut pas nécessairement dire être apprécié partout dans le monde et que, pour des milliers de gens, être Canadien, c'est d'abord et avant tout être Occidental.
Avec tout ce que ça implique.
Cependant, une fois la poussière retombée, une fois la stupeur du choc initial passée, quelques voix se sont élevées pour s'interroger sur ce nouveau climat qui n'a peut-être rien à voir, comme le suggère le titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques, Charles-Philippe David, avec une réalité dans laquelle la menace terroriste ne serait pas véritablement plus importante aujourd'hui que par le passé.
Est-ce que le simple fait que New York se trouve à quelques heures de route de la frontière canadienne fait vraiment du Canada une cible?
Et si l'environnement terroriste canadien n'avait pas changé tant que ça depuis le 11 septembre 2001?
Et si c'était surtout l'environnement sécuritaire qui avait connu les plus grands bouleversements?
En effet, malgré des menaces, malgré l'envoi de troupes canadiennes en Afghanistan,
malgré les similitudes idéologiques entre le gouvernement Harper et le gouvernement Bush, malgré tout ce qui, selon plusieurs experts, faisait de nous des cibles de choix, le Canada n'a pas, jusqu'ici, été directement frappé par le terrorisme islamiste.
Bien entendu, pour certains, ce sont les milliards de dollars investis dans la « course à l'antiterrorisme » qui ont porté fruit.
Ce sont les mesures de sécurité accrues dans les aéroports, aux frontières, dans les grands édifices, se sont tous ces détecteurs et caméras qui se sont avérés, finalement, efficaces.
Pour d'autres cependant, l'absence d'attentats sur le sol canadien peut tout aussi bien vouloir dire que la menace réelle a été, somme toute, infime.
Il y a bien eu quelques arrestations, comme celles des auteurs d'un présumé complot terroriste, l'été dernier dans la région de Toronto, qui fut présenté par le gouvernement Harper comme LA preuve que le Canada est une cible du terrorisme international.
Le Canada après le 11 septembre
Le Canada après le 11 septembre
Journaliste : Nicolas Duguay
Depuis maintenant cinq ans, les autorités canadiennes et les principaux acteurs de la société civile tentent de trouver un point d'équilibre entre la lutte contre le terrorisme et le respect de tout ce qui fait du Canada un espace démocratique.
Photo: Luc Lavigne |
Comment, en effet, accorder dans la même réalité et sans trop de dissonances la démocratie, la liberté de circulation ou d'association à des concepts tels que la biométrie, le profilage, le certificat de sécurité et l'emprisonnement sans procès ni accusation?
Comment peut-on garantir à tous les citoyens le respect de l'intégralité de leurs libertés lorsque l'appareil sécuritaire de l'État craint, souvent avec raison, que les terroristes ne se servent de ces mêmes libertés pour parvenir à leurs fins?
En fait, puisqu'il est fort à parier que le monde ne changera pas d'ici peu et que la « guerre au terrorisme », qui donne aux soldats américains des allures de croisés, va, selon la plupart des observateurs sérieux, durer des années, c'est probablement sur des questions similaires que se jouera l'avenir de ce qu'on appelle la démocratie.
Et là-dessus, le président américain George W. Bush voyait fort juste lorsqu'il affirmait, encore ébranlé par les attentats du 11 septembre 2001, que c'est essentiellement à la liberté que le terrorisme s'en prend.
Le Canada après le 11 septembre
Journaliste : Nicolas Duguay
Le gouvernement canadien a massivement investi en ressources humaines et financières afin de protéger les Canadiens, et ce, sans relâche depuis 2001.
Photo: Forces canadiennes |
Le premier budget conservateur de 2006 affecte à la seule question sécuritaire 1,4 milliard de dollars sur deux ans, sans compter les 5,3 milliards de dollars qui seront dépensés en cinq ans pour rééquiper les Forces canadiennes. Depuis septembre 2001, Ottawa a déjà consacré plus de 9 milliards de dollars au renforcement de la sécurité nationale.
Ainsi, parmi les principales mesures canadiennes de lutte contre le terrorisme, on retrouve: