Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 octobre 2006 5 06 /10 /octobre /2006 19:45

 

 

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2006/08/28/001-11sept-canada-1.shtml

.

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2006/08/28/001-11sept-canada-1.shtml

.

Qui sont-ils?

Journaliste : Nicolas Duguay

Actuellement, cinq personnes sont soumises à un certificat de sécurité. Trois d'entre elles sont emprisonnées, et deux sont astreintes à de très strictes conditions de remise en liberté.

Mahmoud Jaballah

Mahmoud Jaballah

Mahmoud Jaballah (archives)

Soupçonné par les autorités canadiennes d'être relié à un groupe terroriste égyptien nommé Al-Jihad, Mahmoud Jaballah, un Égyptien arrivé au pays en tant que demandeur du statut de réfugié en 1996, a fait l'objet d'un premier certificat de sécurité dès mars 1999. Plusieurs mois après qu'un juge eut invalidé ce certificat, l'estimant déraisonnable, les autorités délivrent un second certificat et ordonnent, en août 2001, la détention préventive de M. Jaballah.

Mahmoud Jaballah, 44 ans, qui conteste la validité de ce second certificat, pourrait être expulsé vers l'Égypte. Il craint être torturé ou assassiné s'il est remis entre les mains des autorités égyptiennes.

Les services de renseignements canadiens affirment que M. Jaballah représente un risque à la sécurité nationale en raison de ses liens avec des membres actifs d'Al-Jihad. Ce groupe terroriste oeuvre à l'instauration par la force d'un État islamique en Égypte.


 

Mohamed Zeki Mahjoub

Mohamed Zeki Mahjoub

Photo: La Presse Canadienne /Tom Hanson

Mohamed Zeki Mahjoub

Mohamed Mahjoub, ingénieur égyptien demandeur depuis 1995 du statut de réfugié au Canada, est soupçonné par les services de renseignements d'être un haut dirigeant d'un groupe terroriste islamiste lié à Al-Qaïda et appelé l'Avant-garde de la conquête. Selon le SCRS, M. Mahjoub aurait même pris part à des actions terroristes.

Avant de s'établir au Canada, Mohamed Mahjoub aurait travaillé au Soudan en tant qu'administrateur d'une importante ferme exploitée par Oussama ben Laden pour, essentiellement, recueillir des fonds. On reproche aussi à M. Mahjoub d'avoir eu des contacts avec un ressortissant irakien réputé pour être le principal fournisseur d'armes de destruction massive de Ben Laden. Lors de son arrestation en mai 2000, M. Mahjoub était en possession du numéro de téléphone du trafiquant.


 

Hassan Almrei

Hassan Almrei

Hassan Almrei

Hassan Almrei est un ressortissant syrien arrivé au Canada en 1999 qui a obtenu le statut de réfugié un an plus tard. En octobre 2001, il est incarcéré en vertu d'un certificat de sécurité, délivré à la suite d'une enquête des services secrets canadiens qui estiment qu'il représente une menace à la sécurité nationale.

Ottawa soupçonne M. Almrei, 32 ans, d'être membre d'un réseau international de faussaires et d'être un militant islamiste formé à la lutte terroriste dans des camps d'Al-Qaïda en Afghanistan. En fait, Hassan Almrei reconnaît avoir pris part à la « guerre sainte » en Afghanistan et au Tadjikistan au cours des années 1990, mais il explique qu'il ne croit pas en le « djihad de Ben Laden. »

Hassan Almrei a fait une longue et très médiatisée grève de la faim, durant l'été 2005, afin d'obtenir une amélioration de ses conditions de détention. Le Syrien s'est attiré la sympathie de plusieurs personnalités canadiennes, dont Alexandre Trudeau, fils de l'ancien premier ministre, et l'écrivaine Naomi Klein.


 

Mohamed Harkat

L'Algérien de 37 ans est entré au Canada en 1995 grâce à un faux passeport saoudien. Deux ans plus tard, en 1997, il obtient son statut du réfugié et s'installe à Ottawa pour y travailler comme livreur de pizza.

Mohamed Harkat

Photo: La Presse Canadienne /Tom Hanson

Mohamed Harkat

Toutefois, les choses se gâtent pour Mohamed Harkat lorsqu'il est arrêté par les autorités canadiennes, en décembre 2002, en raison de l'émission d'un certificat de sécurité le concernant.

Les services de renseignements canadiens redoutent que M. Harkat ne soit, en fait, un agent dormant d'Al-Qaïda, installé au pays dans l'attente d'un ordre de mission pour y commettre un attentat terroriste.

Les autorités canadiennes allèguent que Mohamed Harkat aurait été vu dans un camp d'entraînement d'Al-Qaïda en Afghanistan. Il aurait aussi, toujours selon le SCRS, été vu en compagnie d'un dirigeant canadien d'Al-Qaïda, Ahmed Khadr. M. Harkat soutient n'avoir rencontré Ahmed Khadr qu'une seule fois, et qu'il ne lui a pratiquement pas parlé pendant les cinq heures qu'ils ont passé seuls, en voiture entre Ottawa et Toronto.

Il aurait aussi été reconnu formellement par un lieutenant d'Oussama ben Laden, Abu Zubaydah. Les avocats de M. Harkat estiment que les aveux de Zubaydah n'ont aucune valeur puisqu'obtenus sous la torture d'agents de la CIA.

M. Harkat a été libéré, à l'été 2006, après quatre ans d'emprisonnement, mais il doit se conformer à de très strictes conditions, dont l'obligation de porter un bracelet électronique en tout temps et de ne sortir de son domicile que quelques heures par semaine, toujours accompagné.

Un ordre d'expulsion a été lancé contre lui par le gouvernement canadien voilà quelques semaines. M. Harkat craint être tué ou torturé s'il est renvoyé vers son pays d'origine.


 

Adil Charkaoui

Adil Charkaoui (archives)

Adil Charkaoui, un ressortissant marocain de 32 ans établi au Canada depuis 1995, est arrêté par les autorités canadiennes en vertu d'un certificat de sécurité le 22 mai 2003.

Selon Ottawa, Adil Charkaoui est un membre du Groupe islamique combattant marocain, une organisation terroriste associée à Al-Qaïda et à qui on attribue les attentats de Casablanca en 2003 et ceux de Madrid, en 2004. Il est plus précisément soupçonné d'avoir acheminé au groupe 2000 $ et un ordinateur portable.

Les services secrets pensent aussi qu'il a subi un entraînement aux techniques terroristes dans un camp d'Al-Qaïda en 1998.

En février 2005, après plus de 21 mois d'incarcération, Adil Charkaoui est remis en liberté par un juge de la Cour fédérale qui lui impose néanmoins de strictes conditions.

Un témoignage

Aujourd'hui encore, Adil Charkaoui se dit innocent et conteste la constitutionnalité des certificats de sécurité. « Je ne veux pas seulement la liberté, mais la justice », répète-t-il. Plusieurs organisations de défense des droits de la personne lui ont manifesté leur soutien.


 

.
Mise à jour le jeudi 31 août 2006 à 17 h 37

Le Canada après le 11 septembre

Rencontre avec Adil Charkaoui

Journaliste : Sophie-Hélène Lebeuf

Entrevue réalisée en septembre 2005

« Je ne veux pas seulement la liberté, mais la justice. »

Adil Charkaoui

Photo: La Presse Canadienne /Tom Hanson

La liberté, Adil Charkaoui l'a obtenue sous conditions en février 2005 après avoir été emprisonné pendant près de deux ans en vertu d'un certificat de sécurité. Les autorités canadiennes soupçonnent ce résident permanent d'origine marocaine, arrivé au pays en 1995, d'appartenir à un réseau terroriste relié à Al-Qaïda.

Mais l'homme de 32 ans, père de deux enfants, clame son innocence et conteste la validité du procédé qui a mené à sa détention. Il a rallié à sa cause de nombreux appuis et est devenu, pour plusieurs, un symbole de la lutte pour les droits de la personne.

 

 

Le 22 mai 2003, après avoir reconduit sa femme enceinte et sa fillette de deux ans chez un membre de leur famille, la vie d'Adil Charkaoui bascule. Il circule sur l'autoroute en direction de l'université lorsqu'il est encerclé par plusieurs voitures de services gouvernementaux. Des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), de l'Agence des services frontaliers du Canada, du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), de la Sûreté du Québec, de la police de Montréal et d'Immigration Canada l'arrêtent en vertu d'une mesure exceptionnelle de la loi sur l'immigration. « Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait », dit-il.

L'une des comparutions en cour d'Adil Charkaoui


Ce n'est qu'une fois à la prison de Rivière-des-Prairies qu'il apprend l'existence du certificat de sécurité délivré à son endroit. « La télé était allumée », se rappelle-t-il. Ils parlaient de l'arrestation d'un agent d'Al-Qaïda, Adil Charkaoui. Moi, j'étais vraiment sidéré. »


Ces certificats de sécurité, une procédure qui permet d'expulser vers leur pays d'origine les personnes soupçonnées de menacer la sécurité nationale canadienne, Adil Charkaoui les définit plutôt comme des certificats de « culpabilité ». « Il est presque impossible de gagner contre cette loi », déplore-t-il. Détention sur la base de soupçons, divulgation d'une partie seulement de la preuve à l'accusé : « c'est un simulacre de procès, c'est une vraie parodie », s'insurge-t-il. « C'est vraiment du vrai Kafka. »


 

Adil Charkaoui obtient une libération conditionnelle en février 2005. « La liste [de restrictions] est vraiment longue », soupire-t-il. Un parent doit l'accompagner s'il sort de chez lui, il doit respecter un couvre-feu (entre 20 h 30 et 8 h), il doit se soumettre à plusieurs interdictions: il ne peut quitter l'île de Montréal, utiliser un ordinateur, utiliser un autre téléphone que celui de son domicile, entrer en contact avec des personnes ayant un casier judiciaire de même qu'avec plusieurs individus dont le nom figure sur une liste. Un précédent dans une cause d'immigration, il porte également un bracelet de surveillance électronique - qu'il décrit comme un « bracelet de la honte ». « Le comité onusien sur la détention arbitraire a bien dit [...] que le Canada n'avait pas le droit de me traiter comme un criminel », rapporte-t-il.

« Quand on ne peut pas toucher ses enfants, sa femme, sa famille, qu'il y a une vitre entre nous et les êtres qui nous sont chers, c'est incroyable, c'est à en devenir fou », se plaint-il. Il y a aussi ces « petits détails », comme « ne pas pouvoir respirer l'air frais ». Une dette que doivent payer les criminels envers la société, mais une injustice difficile à « digérer » lorsqu'on est innocent, soutient-il. Ce qu'il trouve le plus difficile, c'est toutefois « le regard des autres », ne sachant pas s'il doit y lire de l'empathie ou de la suspicion.


Dans la mire du SCRS


Les services de renseignements soupçonnent Adil Charkaoui d'être un membre du Groupe islamique combattant marocain, associé à Al-Qaïda et à qui on attribue les attentats de Casablanca en 2003 et ceux de Madrid, en 2004. Il est plus précisément soupçonné d'avoir acheminé au groupe 2000 $ et un ordinateur portable.

Une victime des attentats terroristes de Madrid, en 2004


Il réfute ces allégations et s'est soumis avec succès au détecteur de mensonges: il a notamment nié appartenir à un réseau terroriste, avoir participé à un camp d'entraînement terroriste ou à tout complot avec un ou des membres d'Al-Qaïda. « Je n'ai rien à me reprocher », affirme Adil Charkaoui.

Se basant sur les très rares éléments de preuve que lui a remis le tribunal, il explique l'intérêt des autorités à son égard par son « profil ». « C'était clair que j'avais le profil d'un agent dormant: j'étais arabe, musulman [...], parlant plusieurs langues, étudiant au niveau universitaire, marié, propriétaire d'un restaurant, pratiquant les arts martiaux. Ça, ce sont les fameux soupçons du SCRS, plus certains contacts avec des membres de ma communauté dans des mosquées. C'était assez pour eux pour que je devienne un danger à la sécurité nationale. »

Pendant sa détention, il a dénoncé le terrorisme dans deux lettres ouvertes. « J'ai condamné toutes les formes de terrorisme, terrorisme d'État y compris. J'ai condamné l'instrumentalisation de la peur par certains gouvernements pour aller spolier les richesses d'autres pays. J'ai condamné tous les attentats, que ce soit dans les pays musulmans ou en Occident. »


Évoquant par exemple les attentats commis par l'Armée républicaine irlandaise ou par l'ETA en Espagne, il déplore l'équation faite par certains après les événements du 11 septembre 2001. « C'est fou de dire qu'islam égale terrorisme. L'islam, c'est une religion de paix. S'il y a des gens mal intentionnés, ou s'il y en a d'autres qui veulent absolument instrumentaliser la terreur puis faire de Ben Laden le porte-parole de tous les musulmans, je pense que c'est détourner les choses de leur vrai sens. »


Big Brother contre Lester B. Pearson

A-t-il peur qu'un attentat frappe le Canada? « Sincèrement pas », affirme Adil Charkaoui, tout en reconnaissant la pertinence de mesures de sécurité. « Je pense que tous les États ont le droit à la sécurité, ils doivent se protéger contre la menace terroriste ou contre la criminalité de tout genre », admet-il. Mais il argue que cette lutte doit respecter les fondements d'un État démocratique.

Le 11 septembre 2001 vu du Canada

Photo: AFP/J.P. Moczulski

« N'oublions pas que le Canada est connu dans le monde arabe, dans le monde musulman, en Afrique, en Asie, comme le Canada de Lester B. Pearson [premier ministre (1963-1968)], comme le Canada des missions de maintien de la paix, poursuit-il. Il estime que le Canada doit préserver sa réputation et ne pas « [emboîter] le pas à d'autres pays qui ont saisi l'occasion des attentats du 11 septembre pour légiférer des lois draconiennes, pour bafouer les droits et libertés, pour créer le monde de 1984 de George Orwell, Big Brother ».

Sur l'affaire Maher Arar, ce Canadien d'origine syrienne expulsé par les États-Unis vers son pays d'origine, et qui soutient avoir été contraint d'avouer sous la torture des liens avec Al-Qaïda, Adil Charkaoui dit y avoir trouvé des échos à sa propre expérience. « Au début, quand j'ai été arrêté, j'ai dit que c'était une mesure de rétorsion de la part des services secrets canadiens, [qui] m'ont dit clairement que si je ne travaillais pas pour eux, ils allaient me renvoyer vers la torture, et que là, je n'aurais pas le choix. »

Selon lui, « l'affaire Arar a été la pointe de l'iceberg, mais il y a eu d'autres cas ».


Rendez-vous en cour

Adil Charkaoui a vu sa cause surgir à plusieurs reprises devant les tribunaux canadiens au cours des derniers mois. Cour fédérale du Canada, Cour d'appel fédérale, Cour suprême... Advenant la révocation du document qui le vise, il compte mener tout de même son « ultime bataille » devant le plus haut tribunal du pays pour faire abolir ces certificats de sécurité « injustes ». « Je ne veux pas seulement la liberté, je veux la justice », affirme Adil Charkaoui.

Adil Charkaoui

Adil Charkaoui

« J'ai espoir », confie-t-il. « On ne peut pas crier victoire trop tôt », mais certains « indices » le rassurent, comme les positions de groupes onusiens, l'un contre la détention arbitraire et l'autre contre la torture, qui s'inquiètent des certificats de sécurité. Il se réjouit également de la déclaration de la haute-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Louise Arbour, qui a estimé, à l'été 2005, que la Cour suprême du Canada devrait revoir la décision qui autorise, « dans des circonstances exceptionnelles », l'expulsion d'individus soupçonnés de terrorisme vers des pays où ils risquent la torture. « Tout ça concorde, nous amène un vent d'espoir, un vent de changement », dit-il.

Ce qu'il réclame, c'est que les accusés soient entendus « par un tribunal juste et indépendant ». « Je veux être traité comme tous les Canadiens, comme tout être humain », réclame-t-il. « Je veux avoir le droit à la liberté, à la présomption d'innocence, [le] droit d'avoir les preuves qui sont déposées contre moi, [le] droit d'avoir un appel, [le] droit de ne pas être renvoyé vers la torture, le droit d'être traité comme un être humain. Pas plus ».

Un beau débat en perspective pour la justice, qui devra définir le fragile équilibre entre les droits de la personne et la sécurité nationale.

 

 

 

 

 



 

 

 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

 

 
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : QUEBEC-CANADA
  • : QUEBEC CANADA
  • Contact

Recherche